Une petite vingtaine d'ouvrages, conservés à la bibliothèque de l'Ecole ont été sélectionnés pour cette exposition virtuelle ; d'intérêt patrimonial, ils sont représentatifs d'une époque, d'un savoir, mais également de croyances en termes d'anatomie, de maréchalerie ou de médecine vétérinaire.

Tous ces traités portent sur l'anatomie, l'équitation, la maréchalerie, l'hippiatrie... autant de domaines parfois très techniques qui nécessitent des illustrations, sans lesquelles acquérir des connaissances serait très compliqué sinon vain. Le pouvoir évocateur de l'image, d'une bonne reproduction sous la forme de planches gravées, fait tout l'intérêt et le succès des nombreux ouvrages de médecine vétérinaire durant ces quatre siècles : certains auteurs vont même jusqu'à reprendre des illustrations d'auteurs morts un ou deux siècles plus tôt.

Goiffon et Vincent, Mémoire artificielle des principes relatifs à la fidèle représentation des animaux tant en peinture qu'en sculpture. Première partie concernant le cheval (1779)

Anatomie

L'anatomie est la science qui a pour objet l'étude de la forme et de la structure des êtres organisés et celle des rapports des organes qui les constituent : d'où la présentation chez le cheval du squelette, de la denture, des muscles et des viscères.

Les origines de l'étude du squelette (ou ostéologie) remontent à l'Antiquité. Il ne s'agit toutefois que de ses balbutiements et, si on disséquait alors des animaux (chiens et porcs, mais jamais les chevaux) c'était avant tout pour faire progresser la connaissance de l'anatomie humaine. De nombreux auteurs (Xénophon, Varron...) du Ve siècle avant notre ère jusqu'au Ier siècle ap. J.-C. rédigèrent des ouvrages traitant des chevaux, mais sans réelle étude de l'anatomie. Seul l'écrivain romain Végèce (IVe siècle ap. J.-C.) consacre quelques lignes dans le troisième livre de son traité à l’anatomie des os, des nerfs et des veines.

L'édition de son traité en latin ne paraît cependant qu'en 1528, et sera traduite en français en 1563 sous le titre Quatre livres de Puble Végèce Renay, de la Médecine des chevaux malades... Le passage consacré à l’ostéologie représente la première dénomination française des os du cheval. Il ne s’agit toutefois que d’une brève (et incorrecte) énumération qui parvient au nombre de cent soixante-dix, sans véritable description anatomique.

Végèce, Quatre livres de Puble Végèce Renay, de la médecine des chevaux malades et autres vétérinaires aliénez et altérez de leur naturel, 1563 ©BIUS

Représentation du cheval

Depuis la Préhistoire, le cheval est l'animal qui a le plus été représenté dans les arts. Un grand nombre d'artistes au cours des siècles l'ont dessiné, peint, sculpté, gravé avec plus ou moins de réussite et d'exactitude dans son anatomie : chez Markham par exemple, l'intérêt de la planche sélectionnée ici réside non pas tant dans sa représentation très schématique des veines et du corps du cheval, mais plutôt dans l'expression affectée, presque enjôleuse de l'animal. Certains d'entre ces artistes étaient cependant très attachés à la réalité du corps du cheval au point qu'ils n'ont pas hésité à étudier l'anatomie équine, bien souvent par l'intermédiaire de la dissection.

Équitation

Les XVIIe et XVIIIe siècles connaissent le développement de l’École française d'équitation. Le cheval devient un compagnon d’exercice, un animal de loisir entraîné à des mouvements démontrant souplesse et virtuosité d’exécution, tel que l'illustre la planche de l'Ecole de Cavalerie (1736).

  C’est ainsi que se développe un nouveau corps social, celui des Écuyers, issus et œuvrant dans des Académies d'Équitation. Ceux-ci mettant des mois ou des années à former un cheval, ils sont naturellement amenés à voir leurs protégés affectés par des maladies ou des blessures. Les écuyers sont donc les premiers à développer une médecine raisonnée et, étant lettrés, publient des traités transcrivant les croyances et les connaissances du moment, y compris une partie des traditions orales transmises, notamment, par les maréchaux.

L’art du maréchal

Le maréchal-ferrant est aujourd'hui la personne chargée principalement de la pose des fers chez les chevaux. Pourtant, avant l'apparition du vétérinaire, la profession recouvrait bien plus que cela : l'artisan était alors vu comme le médecin du cheval, d'où les nombreux traités écrits par des maréchaux.

L'utilité du fer à cheval est simple à comprendre : il permet que la corne sous le sabot de l'animal ne s'use pas trop rapidement. Il constitue son meilleur moyen de protection mais ne demeure pas sans inconvénients : il alourdit et ressert le pied et pose le problème de la croissance excessive de la corne. On remédie à ce dernier en déferrant le cheval et en le parant, puis on le ferre à nouveau après avoir corrigé les aplombs.

Bibliographie

- Great books on Horsemanship, Bibliotheca Hippologica Johan Dejager, Leyde, 2014.

- DEGUEURCE (C.), DELALEX (H.), Beautés intérieures, l'animal à corps ouvert, RMN, 2012.

-DEGUEURCE (C.), Honoré Fragonard et ses écorchés, un anatomiste au siècle des Lumières, RMN, 2010.

Ressources sur le cheval disponibles en ligne :

- JEANDEL (A.) et DEGUEURCE (C.), « Jean Héroard, premier 'vétérinaire français' et rédacteur du Traité d'Hippostologie », Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, 9, 2009, p. 89-101.

- PEYSSON (S.), La maréchalerie du 16e au 18e siècle, au travers des ouvrages de Fiaschi, Solleysel, Lafosse et Bourgelat, Thèse pour le doctorat vétérinaire, Enva, 2002.

- ZAKRIA (M.) et DEGUEURCE (C.), « La chirurgie du cheval au XVIIe siècle, d'après les œuvres de Solleysel et de Markham », Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, 3, 2004, p. 12-22.

http://www.cheval.culture.fr/

http://documentation.equestre.info/

http://www.histoire-medecine-veterinaire.fr/fr/

http://archives.aveyron.fr/expositions/exposition-des-chevaux-et-des-hommes-1

Les collections du musée :

https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/images/index.php?mod=a&orig=enva

Ouvrages anciens cités dans l'exposition :

Le catalogue des ouvrages numérisés (de l'Enva et de l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon, principalement) :

https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?intro=alfort&statut=charge