Le domaine d'Alfort

C’est durant l’été 1766 que la toute nouvelle École Royale Vétérinaire de Paris s’installa dans le domaine d’Alfort, acheté par Claude Bourgelat au baron de Borme.
L'École vétérinaire d'Alfort ainsi créée existe toujours ; tour à tour royale, impériale et nationale, elle n'a cessé d'occuper le même territoire qui, à la longue, s'est couvert de bâtiments, pour beaucoup de belle facture architecturale.
Cette rubrique a pour objectif de vous faire découvrir les différentes époques de construction ainsi que les bâtiments dont nous avons hérité.

 

Au XVIIIe siècle

L’architecte Soufflot fut chargé, au titre des bâtiments civils, d’aménager les lieux. Le château, une belle demeure de facture bourgeoise, fut réservé au directeur et à l'inspecteur général des écoles vétérinaires.
Le reste de l’École s’installa dans les dépendances. Il fallut y loger les étudiants, aménager une salle de dissection, une salle d’examen, une bibliothèque, un cabinet de curiosités où furent exposées les collections de l’École, et une pharmacie.
Il ne reste rien, aujourd’hui, de cette disposition du XVIIIe siècle. Les bâtiments ont tous été détruits entre 1855 et 1888.
Á la mort de Bourgelat en 1779, l’École dut se doter d’une ferme et acquit en 1784 la ferme de Maisonville, possession de l’ancien propriétaire du château. Parallèlement, une autre ferme fut progressivement constituée dans le parc à partir de 1786. On tira profit des locaux de l’ancienne grange du parc de l’école pour son installation.
Des bergeries et porcheries furent aménagées à proximité du parc, et on construisit un vaste complexe dédié à l’enseignement, comprenant notamment des laboratoires de physique et de chimie, ainsi que des cabinets de dissection qui devaient rapidement se révéler être des cloaques pestilentiels.

Au début du XIXe siècle

  • L’actuel bâtiment de l’administration

    Livré en 1840, il se situait à l’emplacement d’anciennes écuries. Ce bâtiment est composé de 8 pavillons accolés et d’un jardin. D’abord destiné à loger les enseignants, la direction commença par s’y installer en 1851. Puis, en 1880, il prit le nom de bâtiment des professeurs car chacun d’entre eux pouvait y habiter avec sa famille. Vingt ans plus tard, il devint lieu de la régie et de l’administration, fonction toujours en vigueur.

  •  La caserne des élèves

     La construction de la caserne fut entamée en 1823, dans le but de résoudre le problème du logement des élèves sur l’École. Celle-ci allait se révéler un des chantiers les plus épiques de l'histoire de l’École d’Alfort. De nombreuses fissures apparurent avant même sa livraison, suite à des erreurs de construction et à une tempête qui endommagea la toiture. Les conditions de vie y étaient rigoureuses tant le bâtiment était malsain. Les élèves ne purent que se réjouir de la construction de la cité universitaire en 1936. La caserne, alors devenue superflue, finit par être détruite en 1944.

  •  Le complexe de physique-chimie et l’entrée principale, actuellement bâtiment Jean Girard

     Ce bâtiment fut achevé en 1847. Il comprend deux pavillons assez élevés, ainsi qu’une construction centrale plus basse les reliant. Il fut livré en même temps que le porche d’entrée.
    Le pavillon le plus proche de l’entrée de l’École comprenait un amphithéâtre dont les maigres qualités le rendaient impropre à l’enseignement, avant que celui-ci ne soit restauré en 1979 pour accueillir les conférences prestigieuses. L’autre pavillon abritait à l’origine le service de physique, chimie et de pharmacie avec son amphithéâtre.

  •  Le bâtiment Bouley, anciennement bâtiment des hôpitaux

     Dès le début du XIXe siècle, les bâtiments existants se révélèrent trop exigus et délabrés. Un long bâtiment fut donc construit parallèlement à l’actuelle avenue du Général de Gaulle. Une seconde aile, parallèle à la première, fut ajoutée à l’ouest en 1839. Le rez-de-chaussée des deux ailes fut occupé par les écuries, qui accueillaient les chevaux hospitalisés.
    Un amphithéâtre des cliniques, joignant les deux ailes au sud, acheva, en 1841, l’actuelle cour des hôpitaux. L’ensemble fut complété ultérieurement par une galerie hémicirculaire de boxes au sud de l’amphithéâtre.

  •  Le bâtiment Henri Drieux, anciennement bâtiment des études

     L'annexe des hôpitaux fut établie en 1848 dans le parc, parallèlement à l'aile est du bâtiment Marcenac. Elle servait à l'époque de remise et de magasin à fourrage pour les écuries de l’école. Cet édifice fut transformé au profit des élèves en 1879 et prit le nom de bâtiment des études. On aménagea sur les trois niveaux une salle d'escrime, une salle de musique, ainsi que quatre salles d’études. Une demi-heure après leur lever, les élèves devaient s’y rendre pour travailler dans un silence absolu, jusqu’au commencement des cliniques.

  •  Le bâtiment Eugène Renault, anciennement service de maréchalerie et de chirurgie

     Le bâtiment fut disposé en 1840 parallèlement à l’aile occidentale du bâtiment Bouley. Les exercices pratiques de chirurgie s’y déroulèrent de 1841 à 1955 dans des locaux hantés par les rats ! La pratique de l’orthopédie équine était également enseignée dans cette bâtisse. Les élèves de troisième et quatrième années pratiquaient des opérations du pied, puis apprenaient à forger et appliquer les ferrures appropriées à chaque sabot.

À la fin du XIXe siècle

  •  Le manège couvert

     Ce manège fut construit en 1872 sur une parcelle du jardin botanique. Il est encadré de deux écuries présentant encore leurs stalles d'origine. Sa charpente métallique est d'une très belle facture. Ce manège servait à l'enseignement de l'équitation, obligatoire à l'Ecole vétérinaire, et pouvait être transformé en salle de sport par la pose d'un plancher.
    Aujourd'hui le manège perdure sous le nom de la Société Hippique des Etudiants Cavaliers d'Alfort, devenue Société Hippique de l'Ecole Vétérinaire d'Alfort.

  •  Le bâtiment Fragonard, anciennement bâtiment des six services

     Le bâtiment Fragonard fut construit en 1878 dans le but d'installer des chaires, jusque là logées à l'étroit, et de donner aux nouvelles disciplines d'enseignement les locaux dont elles avaient besoin. Au final, six services l'occupèrent à ses débuts : la zootechnie, l'histoire naturelle, la zoologie, la physiologie, la pathologie médicale, et enfin l'anatomie qui fut dotée d'un superbe amphithéâtre en bois, de nos jours, toujours utilisé pour l'enseignement. Deux vastes salles de dissection, très lumineuses, complètent toujours ce dispositif.
    Le premier étage servit à l'installation de la bibliothèque et du musée, qui devait devenir le musée Fragonard en 1991. Installée en 1897, la bibliothèque comptait en 1908 près de 15 000 volumes qui constituent aujourd'hui un fonds ancien de très grande qualité. Il a, depuis, été complété par une très importante collection de périodiques et de thèses vétérinaires.
    Le Musée Fragonard est le descendant direct du cabinet du Roi de 1766. Il fut déplacé une première fois en 1828 avant de trouver sa place actuelle, à l'étage du bâtiment Fragonard, en 1900. Il fut ouvert aux étudiants dès 1902, mais le public ne put y accéder qu'à partir de 1991. Le Musée Fragonard est aujourd'hui musée de France et reçoit de nombreux visiteurs, français comme étrangers. Le musée a été rénové en 2007 et 2008 ; il a enfin retrouvé sa qualité d'origine.

  •  Le bâtiment des maladies contagieuses, aujourd'hui bâtiment Edmond Nocard

     Le bâtiment de ce service fut construit immédiatement au sud du bâtiment Fragonard, en 1882.
    Il se composait d'une grande salle d'autopsie flanquée de laboratoires desquels partaient deux ailes dotées d'écuries et de chenils. Il limitait une cour fermée par une grille. Un petit chemin de fer permettait l'enlèvement des cadavres contaminés, à l'aide de wagonnets étanches.
    Edmond Nocard y enseigna les maladies contagieuses et l'inspection des viandes de 1887 à 1901. Son laboratoire fut d'ailleurs conservé intact dans une des salles de ce bâtiment que l'on nomma pour cette raison « bâtiment Nocard ».
    C'est dans ce bâtiment que fut prélevée et atténuée la souche de bacille tuberculeux qui allait donner naissance au BCG. L'ensemble est aujourd'hui en ruines.

Au début du XXe siècle

  • Le bâtiment de pathologie bovine, aujourd'hui bâtiment Fernand Lagneau

    Á ses débuts, l'École d'Alfort avait dû, en grande partie, fonder son développement sur la médecine et la chirurgie du cheval. Il fallut attendre la fin du XIXe siècle pour que le développement de la médecine et de la chirurgie des animaux de rente nécessite leur séparation de la clinique équine. C'est en 1894 que fut créée à Alfort une chaire de pathologie du bétail et d'obstétrique.
    Sept ans plus tard, en 1901, le bâtiment de pathologie bovine, aujourd'hui bâtiment Lagneau, était construit. La pathologie du bétail dut d'abord le partager avec le service d'anatomie pathologique. Les consultations et les opérations de convenance se déroulaient dans la cour intérieure sous l'œil attentif des enseignants.
    Le service d'anatomie pathologique s'installa dans un autre bâtiment en 1937 et le service de reproduction canine et bovine put investir la totalité des locaux. Ce bâtiment est actuellement dévolu à la pathologie de la reproduction et devrait accueillir prochainement les enseignants de pathologie du bétail. Un retour aux sources.

  •  L'ancien hôpital des animaux de compagnie, aujourd'hui bâtiment Abel Brion

     C'est au lendemain de la première guerre mondiale que la médecine des carnivores se développa dans les écoles vétérinaires françaises. C'est ainsi que le nouveau service de médecine, situé au sud du bâtiment Lagneau, fut inauguré en 1929.
    Ce bâtiment, en brique, comprenait une vaste salle d'attente, une salle de consultation, les laboratoires et le chenil nécessaire aux hospitalisations.
    Ce bâtiment a vécu ses derniers mois d'activité. L'ouverture de l'hôpital pour carnivores, à la fin 2009 a vu le transfert de ces activités dans les nouveaux locaux. Le bâtiment Brion sera probablement conservé car il a un grand intérêt architectural, mais il devrait être réaménagé.

  •  La station d'aviculture, aujourd'hui bâtiment Lesbouyriès

     Ce bâtiment porte le nom de l'enseignant qui le créa. Inauguré en 1930, c'était une station de pathologie avicole très originale. Le bâtiment comprenait une basse-cour, et deux bâtiments destinés aux autopsies aviaires, alors réalisées en grand nombre.
    Ces locaux furent peu à peu abandonnés après le départ du professeur Lesbouyriès puis réaménagés. Le bâtiment situé le plus au nord fut remplacé par le bâtiment Bressou en 1979. Le centre de radiothérapie et le scanner occupent depuis 1989 l'autre bâtisse de l'ancienne station avicole.

  •  L'ancienne cité universitaire

     C'est en 1936 qu'une cité scolaire de 210 chambres individuelles, réparties sur six étages, fut construite dans la partie située au sud-est de l'École. Les conditions de vie de l'ancienne caserne étaient devenues insupportables et ce nouveau bâtiment, moderne, fut très apprécié des internes. Cette cité allait connaître les heures difficiles de la Seconde Guerre Mondiale marquées par les privations. Le bâtiment a récemment subi de nombreuses transformations.
    Les locaux du Cercle des élèves ont été aménagés sous la cité en 1996 et l'ensemble de la cité a été rénové de 1997 à 1999. Son impressionnante façade de briques rouges reste une référence architecturale des années 30. Elle a été classée à l'inventaire des monuments historiques.

Á la fin du XXe siècle

  •  Le bâtiment de zootechnie, dit Letard

     Manquant cruellement de place dans le bâtiment des six services, la chaire de Zootechnie reçut d'abord, en 1953, une étable et une porcherie puis, en 1957, un bâtiment construit sur l'emplacement de la ferme, dernier vestige du XVIIIe siècle. Le premier étage accueillit les bureaux du personnel de la zootechnie et le rez-de-chaussée, surélevé, un amphithéâtre avec deux salles de travaux pratiques.

  •  Le bâtiment Ferrando, qui sera remplacé prochainement par le bâtiment Chauveau

     Il fallut attendre les années 1950 pour que l'alimentation soit reconnue comme une chaire autonome. Le bâtiment qui allait accueillir la chaire fut achevé en 1959 sur les fondations de l'ancien chenil. Le reste du jardin botanique fut annexé au service pour mettre en pratique les enseignements de botanique et d'agronomie.
    Ce bâtiment en L a été complété par le Centre de Recherche Biomédicale construit de 2005 à 2007. Il est maintenant dévolu à l'accueil d'équipes de recherche.

  •  Le bâtiment Clément Bressou

     Avec les progrès scientifiques des cinquante dernières années, certaines chaires virent leur volume d'enseignement augmenter et durent subir un dédoublement. Ce fut notamment le cas de la chaire d'anatomie pathologique et de contrôle des produits d'origine animale. Le pavillon Bressou devait héberger les laboratoires de ces nouvelles chaires. Construit sur une partie du jardin botanique et des locaux de l'ancienne station avicole d'Alfort, ce bâtiment vitré comprend trois étages.
    La disposition d'origine resta inchangée jusqu'à nos jours. Ce bâtiment accueille aujourd'hui des équipes de recherche et leurs laboratoires confinés.

  •  Le bâtiment Claude Bourgelat

     Avec le doublement de l'effectif des étudiants en 1975, la construction d'un nouveau bâtiment devint indispensable. Le pavillon Bourgelat fut construit en 1979, abritant aujourd'hui deux amphithéâtres et deux salles de travaux pratiques. C'est un des bâtiments les plus importants pour l'enseignement.

Au début du XXIe siècle

  • Le pôle Hygiène et Qualité Sanitaire des Aliments

    Ce bâtiment est commun à l'Ecole Nationale Vétérinaire d'Alfort et à l'Agence nationale de l'alimentation et du travail (Anses). Il accueille les équipes de recherche des deux institutions œuvrant sur les thèmes connexes.

  •  Le Centre de Recherche Biomédicale

     Préfiguré dès le milieu des années 1990, ce centre constitue une plate-forme ultra moderne dédiée à la recherche biomédicale. Il permet notamment d'étudier des modèles animaux de maladies affectant l'homme.

  •  L'hôpital des animaux de compagnie du Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire d'Alfort

     Cette plate-forme de 3500 m2 à apporté à l'École d'Alfort, une des premières au monde de pour le nombre des consultations de carnivores, les plateaux techniques qui lui faisaient défaut par le passé.

  •  Le bâtiment Camille Guérin

     La construction de ce bâtiment s’est achevée en 2015. Il rassemble en un même lieu toutes les activités du Département des Sciences Biologiques et Pharmaceutiques. Il comprend notamment des salles de dissection et d’autopsie, un laboratoire d’analyses médicales, des salles d’enseignement pratique et les bureaux des personnels et enseignants du département.