Le jardin botanique au XVIII° siècle
En octobre 1766, l'École Royale Vétérinaire d'Alfort ouvre ses portes, quatre ans après la création de l'Ecole vétérinaire de Lyon, première du genre en Europe. La connaissance des plantes est alors indispensable aux futurs vétérinaires. Elles servent à nourrir les ruminants et les chevaux, les espèces qui suscitent le plus l'attention des vétérinaires et, surtout, elles servent à la confection des médicaments. Tout bon vétérinaire doit donc savoir identifier une plante européenne, connaître ses usages médicaux, la manière de préparer les médicaments, le satde végétatif idéal.
C'est tout naturellement qu'un "Jardin des Plantes" est mis en place dès 1766, à l'emplacement actuel du bâtiment Bouley. La gestion en est confiée au premier directeur, Honoré. Fragonard, qui se fait seconder ensuite par son frère cadet, François. Les élèves identifient les simples - comprenez les plantes médicinales, aident à leur culture, les récoltent, les sèchent, préparent des extraits, les distillent, afin de préparer les drogues (médicaments). Comme à Lyon, le jardin gagne un rôle de premier plan dans la thérapeutique vétérinaire. Honoré Fragonard en surveille le bon entretien et dispense les cours de Botanique et de "matière médicale" (pharmacie). Dans ce Jardin on cultive aussi des plantes destinées aux humains. Dès le départ il y a donc une connotation "ethno-botanique".
En 1771, un "Jardin d'Hygiène" est constitué, qui présente des plantes nutritives, salutaires et nuisibles. Courbebaisse, qui a remplacé Fragonard, classe les Plantes selon le système du grand naturaliste Joseph Pitton de Tournefort, le précurseur de Linné, et on construit une serre d'hivernage.
En 1782, Daubenton, professeur d’économie rurale au Jardin Royal et au Collège Royal, et Broussonet deviennent professeurs titulaires et sont chargés d’enseigner leurs sciences et la culture des plantes médicinales et économiques aux élèves de l’école.
Par la suite, le jardin sera déplacé vers le Sud, à l'emplacement actuel des bâtiments Fragonard et Nocard. Il va occuper des surfaces immenses, atteignant près de deux hectares au maximum de son développement.
Le jardin botanique au XIX° siècle
Le XIXe siècle, le jardin botanique va connaître un développement spectaculaire.
En 1801, la loi de l'An III officialise l'éducation des vers à soie et des "mouches à miel" - 18 ruches sont installées à Alfort. Elle justifie la plantation de mûriers et la mise en place d'une collection de plantes mellifères - qui servent aux abeilles pour fabriquer du miel - dans le jardin botanique.
En 1803, les activités de l'École Impériale d'Alfort liées à la botanique sont :
- l'enseignement de la systématique (selon Tournefort, Linné puis Jussieu);
- l'étude des plantes toxiques in-situ et ex-situ, car Alfort est à la campagne et les herborisations dans la nature en sont facilitées ;
- l'étude des plantes médicinales et des épices;
- la culture des plantes fourragères, mellifères (plante dont le nectar est récolté par les abeilles pour faire du miel), séricifères (plante utilisée par les vers pour faire de la soie) ;
- la culture des plantes pour l'alimentation humaine, des plantes tinctoriales et textiles.
Le jardin botanique vers 1860, à l'emplacement de l'actuel bâtiment Fragonard
En 1882, un inventaire fait l’état de 1600 espèces, classées selon le « système Baillon ». Le jardin a atteint l'apogée de son développement ; le XXe sièce va voir sa régression. Car le jardin, immense, occupe une zone qui va connaître le développement de bâtiments destinés à accompagner la révolution pasteurienne, à laquelle l'Ecole d'Alfort apporte une forte contribution. Le parlement vote des crédits très importants en 1878 pour créer des laboratoires propres à accueillir des activités scientifiques. L'emprise du jardin va d'abord être repoussée plus au Sud par la construction du bâtiment Fragonard mais cette installation, précaire, va être mise à mal par la création du bâtiment des maladies contagieuses, actuel bâtiment Nocard, à ce même endroit. Le jardin migre donc une nouvelle fois, cette fois pour l'Est de la parcelle où il occupe une situation beaucoup plus réduite. Il faut dire que le développement de la chimie de synthèse faisait espérer de pouvoir recourir à des substances pures, parfaitement dosées et peu onéreuses, ce que la phytothérapie ne permettait pas.