Le musée Fragonard

Le musée de l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort est l'un des musées les plus anciens de France, héritier du cabinet du roi que Claude Bourgelat, fondateur des deux premières écoles vétérinaires au monde, constitua à l'école d'Alfort en 1766.

 

Le cabinet du Roy & le cabinet d'Alfort [1766 - 1828]

C’était alors un cabinet d'histoire naturelle et d'anatomie comparée alimenté par les travaux pratiques des étudiants : " Les préparations qui seront faites dans les Ecoles, seront déposées dans un Cabinet consacré à la gloire de sa Majesté, et à perpétuer les preuves de la reconnaissance des Ecoles et des Agriculteurs envers Elle. Ce Cabinet sera nommé, dans chacune d’elle, le Cabinet du Roi ; l’inspection en sera particulièrement confiée au professeur d’Anatomie."

Ce Cabinet fut, dès sa création, accessible au public et les « étrangers » à l’Ecole pouvaient y être amenés en visite par les « Suisses » chargés de sa surveillance. La qualité des pièces qui s’y accumulèrent rapidement lui valut une notoriété dans toute l’Europe et nous disposons de descriptions très précises qui furent faites à cette époque. Les débuts du cabinet sont marqués par le nom d’Honoré Fragonard, premier directeur et premier professeur d’anatomie de l’école, auquel on doit des écorchés toujours présentés aujourd’hui. Mais le cabinet devait ensuite subir les vicissitudes de la révolution ; l'école royale vétérinaire d'Alfort fut menacée de nombreuses fois de délocalisation et de suppression, et ses collections diminuèrent pendant la Révolution.

 

Le bâtiment du cabinet du roi, vers 1860

 Le cabinet des collections, en 1900

Le cabinet des collections [1828 - 1902]

Ce cabinet fut déplacé vers un nouveau bâtiment construit à partir de 1829. Sa surface s’en trouva accrue et il accueillit de nouvelles collections notamment de pathologie qui décidèrent l‘administration à lui donner le nom de cabinet des collections. Il ne semble pas que le public y ait été accueilli ; le cabinet fonctionnait plus comme une sorte de réserve organisée à des fins d'enseignement ; les professeurs venaient y prélever des pièces qui servaient ensuite à la démonstration en amphithéâtre. Le très fort développement de l'école d'Alfort au XIXe siècle, sa participation aux grands mouvements scientifiques comme la physiologie expérimentale ou encore les développements de l'infectiologie précédant et contemporains de l'épopée pasteurienne, participèrent au renforcement de son aura et se traduisirent pas une augmentation significative de ses collections. Le cabinet des collections devint, à partir des années 1860, trop étroit pour accueillir l'ensemble des collections. Il fut donc décidé en 1882 de créer un troisième cabinet. 

 

Le nouveau musée [depuis 1902]

Il devait prendre place dans un nouveau bâtiment, à l'étage et au dessus des salles de dissection, en continuité avec la bibliothèque. Il fut aménagé en 1900 et ouvrit ses portes en 1902 en prenant le nom de « musée ». Il occupait une surface de plus de 700 m² et était organisé de façon très pédagogique. Ce nouveau musée était à la fois un outil pédagogique et un moyen de communication. Il servait aux élèves le jeudi après-midi qui venaient y apprendre l'anatomie et la pathologie. Mais c'était également un lieu destiné à montrer aux étrangers la puissance de l'école. L’ensemble du musée était peint de couleurs sombres, parfaitement en harmonie avec les fonds des moulages qui ornaient les vitrines, et les plafonds étaient décorés de motifs de feuillage et de motifs géométriques, ce qui renforçait la beauté du lieu. Dès les années 1920, les étudiants se firent de plus en plus rares au musée et son ouverture fut réservée aux visiteurs de marque que l’on souhaitait honorer en les faisant pénétrer dans ce lieu caché.

Le Musée, en 1924

Le musée aujourd'hui

Le musée resta fermé au public jusqu'en 1991, date à laquelle il rouvrit ses portes et connut très vite un grand succès. Il a été rénové en 2008 et accueille désormais les visiteurs dans le cadre qui était le sien en 1902.

La première salle du musée