L'unité de recherche Epimai (épidémiologie des maladies animales infectieuses) propose une étude s'intéressant aux relations entre habitudes de vie des propriétaires des animaux de compagnie et propagation des maladies infectieuses à transmission directe. Si seule une minorité de propriétaires peut les véhiculer, certains profils de propriétaires "à risque" émergent. 

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Quels profils de propriétaires peuvent être source de risques pour l'introduction de maladies infectieuses ​à transmission directe ? Voilà le thème d'un article publié dans Transboundary and Emerging Diseases, proposé par l'unité mixte de recherche (EnvA-Anses) Epimai. L'équipe de chercheurs a étudié les habitudes des propriétaires de chiens et chats (voyages, possibilité de contacts entre animaux, médicalisation) pouvant influencer la circulation d'agents pathogènes ​à transmission directe, dont la rage ou la tuberculose. Les maladies contagieuses à transmission directe nécessitent un contact (morsure, par exemple) ou une proximité étroite (maladies respiratoires transmises par gouttelettes, par exemple) entre un individu infecté et un individu sain pour avoir une transmission.
Plus de 2000 personnes, propriétaires de chiens et/ou de chats français possédant un chien et/ou un chat, ont été interrogées offrant un large panel de réponses et de comportements.

Premier constat important : seule une minorité de propriétaires pourrait contribuer à introduire et/ou à faire circuler de tels agents pathogènes sur le territoire français. 93% des propriétaires de chiens et 73% des propriétaires de chats ayant répondu n'apparaissent pas comme un risque potentiel d'introduction ou de diffusion de pathogènes. 

Pour ce qui concerne les voyages : 
- les voyages avec des chiens au sein de l'Union européenne (UE) sont fréquents,
- les chats voyagent moins fréquemment au sein de l'UE, 
- les chats et les chiens voyageaient moins fréquemment en dehors de l'UE.

Les voyages illégaux récurrents avec des chiens et des chats (non conformes aux mesures réglementaires) ont été observés dans un contexte de contrôles non systématiques aux frontières des animaux de compagnie.

Les contacts 
L'équipe a constaté qu'une grande partie des chiens est promenée en France métropolitaine, avec des contacts intraspécifiques fréquents (1,4 contact/jour en moyenne), mais que seule une minorité (1,4 %) des chiens est autorisée à errer librement. En revanche, 59,7% des propriétaires de chats laissaient leurs chats en liberté.

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Des profils à risque
Les chercheurs ont classé les propriétaires d'animaux de compagnie en fonction de différents profils, dont certains peuvent être considérés comme " à risque " pour les maladies infectieuses des animaux de compagnie à transmission directe.
En effet, un profil de propriétaire de chien et un profil de propriétaire de chat décrivent des " diffuseurs " de maladies animales :
- forte connectivité avec d'autres individus,
- peu de suivi médical
- mais pas de voyage

Un autre profil de propriétaire de chien décrit un " introducteur " et un " diffuseur " potentiel de maladies animales :
- voyage à l'étranger,
- forte connectivité avec d'autres individus,
- suivi médical intermédiaire.

Bien que ces profils "à risque" ne représentent qu'une minorité des propriétaires d'animaux de compagnie français, ils devraient être mieux caractérisés afin de renforcer la prévention ciblée visant à minimiser le risque de (ré)introduction et de (ré)émergence de maladies infectieuses à transmission directe par les chiens et les chats en France, surtout si l'on considère les zoonoses ayant un impact potentiel important, comme la rage.

>>> Article complet


Abstract

A number of owner practices among the pet dog and cat population can influence the dynamics of directly transmitted infectious dog and cat diseases, including zoonotic ones. To better depict these management practices, which include pet traveling, contact rates with other companion animals and their medical monitoring (which herein includes prevention aspects), we surveyed 2,122 dog-and/or cat-owning French households through an anonymous online questionnaire.

Trips with dogs within the European Union (EU) were frequent, while cats travelled less frequently within the EU and both cats and dogs travelled less frequently outside the EU.

Recurrent illegal trips with dogs and cats (non-compliant with regulatory measures) were observed in
a context of non-systematic pet border controls. We found that a large proportion of dogs are taken for walks in metropolitan France, with frequent intraspecific contacts (1.4 contacts/day on average), but only a minority (1.4%) of dogs were allowed to roam freely. On the other hand, 59.7% of cat owners allowed their cats to roam freely. We classified pet owners according to different profiles, some of which may
be considered ‘at risk’ for directly transmitted infectious pet diseases.

Indeed, one dog owner profile and one cat owner profile depict ‘spreaders’ of pet diseases (high connectivity with other individuals, little medical monitoring but no traveling) and another dog owner profile describes a potential ‘introducer’ and ‘spreader’ of pet diseases (foreign travel, high connectivity with other individuals, and intermediate medical monitoring). While these ‘at risk’ profiles represent only a minority of French pet owners, they should be better characterized to reinforce targeted prevention designed to minimize the risk of (re)introduction and (re)emergence of directly transmitted infectious dog and cat diseases in France, especially when considering zoonoses with a significant potential impact, such as rabies.


Auteurs/Authors

Guillaume Crozet, Marie-Laure Lacoste, Julie Rivière, Emmanuelle Robardet, Florence Cliquet, Barbara Dufour