Les tiques représentent le premier vecteur de maladies pour les animaux, et le deuxième pour les humains. La maladie la plus connue, la maladie de Lyme, est causée par une bactérie, portée dans la tique. Un vaccin innovant, ciblant le microbiote des tiques, a été expérimenté pour diminuer leur infection par la bactérie. Des travaux réalisés par INRAE, en collaboration avec l’Anses et l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, dont les résultats sont parus le 24 juillet dans la revue Microbiome.


Closeup of hidden dangerous mite. Carrier of tick-borne diseases as encephalitis or Lyme disease

La maladie de Lyme est causée par une bactérie, Borrelia, portée et transmise par les tiques, notamment Ixodes ricinus en Europe et Ixodes spacularis aux États-Unis et Canada. Malgré de nombreuses recherches, aucun vaccin contre cette maladie n’est disponible. C’est pourquoi des chercheurs d’INRAE, en collaboration avec l’Anses et l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, proposent une nouvelle forme de vaccination, indirecte et ciblant les tiques, pour lutter contre la maladie de Lyme.

Le concept repose sur un vaccin qui perturbe le microbiote de la tique1. Pour leurs expériences, les chercheurs ont injecté le vaccin à des souris. Plus précisément, ils ont utilisé une autre bactérie, inoffensive dans ce contexte, comme cheval de Troie.

Une fois dans l’organisme cette bactérie inoffensive2 provoque la fabrication d’anticorps par la souris. Si la souris est ensuite mordue par une tique, ces anticorps interagissent avec le microbiote de la tique, et le modifie.

L’analyse des tiques après morsure montre qu’elles ont beaucoup moins de Borrelia que celles qui ont piqué des animaux non vaccinés. Ce vaccin, lorsqu’il est administré à une souris, « protège » la tique contre la colonisation par Borrelia (mais ne protège pas la souris de la maladie).

Ces travaux se concluent sur une double avancée : de nouvelles connaissances sur l’importance du microbiote dans l’infection des tiques par Borrelia et une possible stratégie de vaccination innovante. En effet, les résultats confirment que le microbiote des tiques est un élément primordial pour le développement de Borrelia dans la tique. Une donnée essentielle qui laisse envisager le développement d’une stratégie de vaccination innovante qui vise à perturber le microbiote du vecteur de l’agent de la maladie de Lyme.

1La bactérie Borrelia vit dans le microbiote de la tique.
2C’est une souche inoffensive d’Escherichia coli qui est utilisée dans l’expérience. De nombreuses variétés de la bactérie existent, certaines pouvant être néfaste.


Un enjeu mondial

La tique n’est pas le seul vecteur de maladie. Parmi eux on retrouve également le moustique, qui transmet un grand nombre de maladies comme la dengue, zika, ou le paludisme. Le contrôle et la protection contre ces vecteurs, et les maladies qu’ils transportent, sont donc à l’échelle mondiale, un enjeu de santé publique. Aucun vaccin n’existe encore pour se protéger de la contraction de ces maladies, actuellement on dispose uniquement de traitements visant à guérir ou soulager les patients. Les vaccins anti-microbiote représentent une opportunité pour développer des vaccins innovants contre les pathogènes à transmission vectorielle.

 

 

Référence : Wu-Chuang A, Mateos-Hernandez L, Maitre A, Rego ROM, Šíma R, Porcelli S, Rakotobe S, Foucault-Simonin A, Moutailler S, Palinauskas V, Aželytė J, Šimo L, Obregon D, Cabezas-Cruz A. Microbiota perturbation by anti-microbiota vaccine reduces the colonization of Borrelia afzelii in Ixodes ricinus. Microbiome. DOI : 10.1186/s40168-023-01599-7