Comment mieux prendre en charge l'insuffisance cardiaque congestive chez le chat ? Le service de cardiologie de l'EnvA propose une nouvelle option de traitement dans une publication.


2021 02 02 Publications 01

Cette maladie cardiaque survient lorsque le cœur ne peut plus pomper le sang normalement. En cause dans sa forme la plus classique : une accumulation de liquide dans les poumons, dans la cage thoracique ou encore dans l'abdomen.

L'équipe de cardiologie de l'EnvA vient de publier un article documentant l’utilisation d’un nouveau traitement dédié au chat : le torasémide, un diurétique de l'anse (une zone des reins) avec des résultats prometteurs.

Cela ouvre la porte à de nouvelles options thérapeutiques chez cette espèce fréquemment touchée par des affections cardiaques, notamment du myocarde, qui peuvent être héréditaires. Bravo au service de cardiologie de l'hôpital des animaux de compagnie.

Le résumé de l’article : 

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32938442/

Tolérance au torasémide chez les chats atteints d'insuffisance cardiaque congestive : une étude rétrospective sur 21 cas (2016-2019)

Contexte :
Chez les chiens souffrant d'insuffisance cardiaque congestive (ICC), l'efficacité du torasémide, un diurétique de l'anse, a été démontrée. Cependant, contrairement aux chiens et aux humains, peu de choses ont été décrites sur l'utilisation du torasémide chez le chat atteint d'ICC spontanée. Les objectifs de cette étude rétrospective étaient donc de décrire l'utilisation thérapeutique du torasémide oral chez les chats atteints d'ICC spontanée, de documenter ses effets indésirables potentiels tout en rendant compte de l'évolution clinique de cette population féline suite à l'administration du torasémide en plus de la thérapie médicale standard.

Résultats :
Les dossiers médicaux de 21 chats appartenant à des clients atteints d'ICC (âge médian = 10,6 ans [intervalle interquartile (IQR) = 6,5-11,2]) recevant du torasémide ont été examinés. Les données recueillies comprenaient les doses de torasémide, les autres médicaments administrés en même temps, les caractéristiques de l'examen physique, les données échocardiographiques et les effets indésirables potentiels pendant le suivi.
Une analyse de survie a été effectuée pour estimer le temps écoulé entre le diagnostic et la mort cardiaque. Une dyspnée liée à l'insuffisance cardiaque a été identifiée chez tous les chats (épanchement pleural [8/21], oedème pulmonaire [5/21] ou les deux [8/21]), associée à une ascite chez 4/21 chats. La cause de l'ICC a été déterminée par échocardiographie chez tous les chats : hypertrophique (n = 10), restrictive (n = 6), arythmogène ventriculaire droit (n = 3), cardiomyopathies dilatées (n = 1) et anomalie de la valve aortique (n = 1).

Au début, la dose médiane de torasémide était de 0,21 mg/kg [IQR = 0,17-0,23] q24h. Les signes cliniques ont diminué chez la plupart des chats (20/21) au cours des deux premières semaines, sans aucun effet indésirable notable. La durée médiane de survie après prescription de torasémide était de 182 jours [IQR = 46-330]. Un groupe témoin contemporain comprenant 54 chats atteints d'ICC, recevant du furosémide comme seul traitement diurétique de l'anse, a été comparé au groupe d'étude. La durée médiane de survie (IQR) des chats du groupe de contrôle n'était pas significativement différente (p = 0,962) de celle du groupe torasémide, soit 148 jours (9-364), bien que le groupe torasémide ait inclus significativement plus de chats présentant des épisodes récurrents d'ICC (52 %) que le groupe de contrôle (19 %).

Conclusions :
Cette série de cas démontre que le torasémide peut être utilisé chez les chats présentant une ICC spontanée. Cet intérêt thérapeutique doit être confirmé par des essais cliniques prospectifs.

Auteurs : 
Camille Poissonnier, Sarra Ghazal, Peggy Passavin, Maria-Paz Alvarado, Solène Lefort, Emilie Trehiou-Sechi, Vittorio Saponaro, Alix Barbarino, Julia Delle Cave, Charlie-Rose Marchal, Boris Depré, Etienne Vannucci, Renaud Tissier, Patrick Verwaerde, Valérie Chetboul