Nouvelle découverte sur les tiques ! L'unité mixte (Anses-Inrae-EnvA) de recherche de biologie moléculaire et d’immunologie parasitaires propose des avancées en matière de connaissance de ce parasite vecteur d'agents infectieux responsables de maladies, notamment la maladie de Lyme. Cela pourrait passer par un contrôle de leur capacité à s'hydrater. Un article a été publié dans la revue Scientific reports début octobre 2020. 

tiques
Une avancée dans la connaissance des tiques. Dans un article paru dans la revue Scientific Reports (Nature publishing group), l'unité mixte (Anses-Inrae-EnvA) de recherche de biologie moléculaire et d’immunologie parasitaires (BIPAR) a découvert un nouveau mode de fonctionnement de la tique qui pourrait conduire au développement de nouvelles stratégies, respectueuses de l'environnement, pour contrôler de multiples espèces de ce parasite vecteur d'agents pathogènes, notamment ceux responsables de la maladie de Lyme. "Cette étude est le premier rapport décrivant l'innervation cholinergique des glandes salivaires de la tique et suggérant son rôle dans l'absorption d'eau par les tiques desséchées", explique Ladislav Simo, chercheur membre de l'UMR BIPAR superviseur de ce projet. En clair, cette étude pourrait permettre d'aborder la lutte contre les tiques par le contrôle de leur hydratation. Deux principaux vecteurs des agents pathogènes responsables de la maladie de Lyme ont été étudiés : la tique européenne du ricin Ixodes ricinus et la tique nord-américaine à pattes noires Ixodes scapularis

Comprendre la résistance de la tique au manque d'eau

Plus simplement, les tiques sont très sensibles à la déshydratation. Elles passent la plus grande partie de leur vie hors de leur hôte, c'est-à-dire dans la forêt ou dans la nature. Pendant cette période, elles doivent relever un grand défi pour éviter la mort due à un assèchement. Si elles ne déploient pas des mécanismes particuliers pour rester hydratées, elles meurent. Lorsque les tiques sont dans des conditions de sécheresse, la glande salivaire produit de la salive hygroscopique (ayant tendance à absorber l'humidité de l'air) qui se cristallise sur le dessus de leurs pièces buccales. Lorsque les conditions environnementales changent, ces cristaux absorbent l'humidité de l'air et se liquéfient, puis sont avalés par les tiques, ce qui les maintient hydratées. Au cours de ce processus, les acini de type I de la glande salivaire servent de site d'absorption directe de l'eau. Cela signifie que tout le liquide avalé ne va pas dans l'intestin de la tique, mais qu'une grande partie est absorbée par ces acini de type I dans la glande salivaire. Ce mécanisme est essentiel à la survie de la tique dans des conditions sèches.


Le contrôle des acini de type 1 = le contrôle de l'hydratation de la tique

Jusqu'à cette étude, personne ne savait comment les acini de type I sont contrôlées. Pour la première fois, a été identifiée la connexion neurale entre les neurones spécifiques du système nerveux central (synganglion) des tiques et leurs glandes salivaires : les prolongements de la cellule nerveuse se terminant dans l'acini de type I libèrent un neurotransmetteur, acétylcholine, qui se lie à ses récepteurs spécifiques dans l'acini de type I et contrôle leurs fonctions.

Sur la base de cette découverte, une expérience simple a visé à bloquer certains des éléments de ce processus et examiné si elle affecte la capacité des tiques desséchées à boire de l'eau. Un médicament (vesamicol) a montré qu'il avait un effet sur le volume d'eau potable des tiques desséchées. En clair, cela a provoqué un effet négatif sur la capacité des tiques desséchées à se réhydrater en modifiant le mode de fonctionnement habituel d'hydratation.

Les implications

L'équipe de recherche estime que la perturbation de ce mécanisme pourrait permettre de trouver dans la nature un moyen écologique de contrôler la population de tiques. Par exemple, des acaricides, substances permettant de tuer les acariens, spécifiques aux tiques peuvent être conçus pour cibler ce mécanisme. Les tiques ne pourront alors plus s'hydrater correctement et mourront à cause d'acini de type I non fonctionnelles.


Cette publication est le fruit du travail du groupe NeuroPaTick de BIPAR, de la Dre. Lourdes Mateos-Hernandez et de l'étudiant de Master 2 Baptiste Defaye de l'UMR-BIPAR. Le Dr Ladislav Simo a conçu et supervisé la recherche. Le Dr Houssam Attoui de l'UMR-VIROLOGIE (Groupe ARMOR) a également contribué à cette étude.

L'étude a été soutenue par la région Île-de-France et le DIM1HEALTH, et la bourse de recherche EnvA 2017.