Plus de 600 millions de personnes ont été infectées par le SARS-CoV-2 depuis 2020. Les vaccins limitent les formes sévères mais ne bloquent pas la dissémination du virus. Plusieurs stratégies sont donc développées en parallèle, notamment le blocage de la multiplication du virus dans le nez. C’est ce qu’ont réussi à faire des scientifiques d’INRAE, en collaboration avec l’EnvA et l’université Paris-Saclay. Ils ont sélectionné et utilisé des protéines qui empêchent la fixation du virus et limitent sa multiplication. Des résultats prometteurs parus le 6 septembre dans la revue PLOS Pathogens.


Gros plan sur un rack de petit tubes a essai dans l'unite NuMeA (Nutrition, Metabolism and Aquaculture). Saint Pee sur Nivelle, 6 octobre 2021.

L’infection par le SARS-CoV-2 débute dans la cavité nasale. Il s’y multiplie abondamment, puis il se dissémine dans l’environnement proche. Mais il peut également se propager vers les poumons, où il provoque les pathologies les plus sévères. Bloquer sa multiplication dans la cavité nasale permettrait donc de juguler précocement l’infection et potentiellement la dissémination du virus.

Un consortium de scientifiques coordonné par INRAE a développé des antiviraux basés sur des protéines biosynthétiques, les AlphaReps. Ces protéines biosynthétiques fonctionnent à l’image des anticorps : elles sont capables de reconnaître la protéine d’attachement du virus, la protéine Spike.

Plus précisément, les chercheurs ont sélectionné deux protéines AlphaReps, nommées F9 et C2. Elles reconnaissent chacune une partie différente de la protéine Spike avec une très forte affinité. La combinaison des deux permet une activité antivirale supérieure, y compris sur les variants Delta et Omicron.

En plus de leur forte capacité antivirale, ces AlphaReps sont très stables et peu onéreuses à produire : deux atouts essentiels pour leur développement. Des résultats prometteurs pour le développement d’antiviraux permettant de réduire la pathologie et la propagation de la Covid-19.

AlphaReps, kesako ?
Les AlphaReps sont des protéines, fabriquées par des microorganismes, que les chercheurs peuvent modeler quasiment à l’infini. Elles répondent à un besoin précis : proposer une alternative aux anticorps, difficiles à modeler en laboratoire. Elles ne présentent pas de risque biologique pour les humains, ce qui en fait une biotechnologie prometteuse pour la recherche et l’industrie pharmaceutique.

Référence
Thebault S, Lejal N, Dogliani A, Donchet, A, Urvoas A, Valerio-Lepiniec M, et al. (2022) Biosynthetic proteins targeting the SARS-CoV-2 spike as anti-virals. PLoS Pathog 18(9): e1010799.
https://doi.org/10.1371/journal.ppat.101079