Spectacle étonnant en ce jeudi 3 juin 2021 dans les couloirs de l'hôpital des animaux de compagnie de l'EnvA. Un brancard en bois porte, sous un draps blancs, le corps d'un homme. Le corps d'un homme en... papier mâché. Ce grand montage signé du Dr Louis Auzoux, a rendez-vous ce jour pour une radiographie. En cours de restauration à l'atelier Marchal-Poncelet, à Paris, il est issu des collections du Museum d'histoire naturelle de la Ville de Troyes.
Un modèle remarquable ! Datant de 1837, comme l'indique la marque sur le bras, il s'agit de l'un des plus anciens modèles anatomiques des Ateliers du Dr Auzoux. Il est entièrement démontable. 130 pièces le constituent avec la particularité d'avoir de véritables dents. La plus petite pièce : le muscle zygomatique mesure à peine quelques centimètres dans la tête du mannequin. L'objectif de cette visite, à la fin de 70 jours de travail des restaurateurs, est de réaliser une radio de la tête et du demi-corps du modèle afin de comparer sa structure avec d'autres modèles, notamment de l'université de Montpellier et au musée de la médecine de Bruxelles, également radiographiés.
Installé sur la grande table, la machine passe et repasse pour découvrir les entrailles de papier et d'acier. Sous la surface, les grandes tiges de métal apparaissent, armature de ce corps désincarné.
Louis Auzoux (1797-1880) était médecin et passionné d'anatomie. Ces modèles, pour l'époque, étaient révolutionnaires. Légendés et démontables, ils présentent de façon réaliste et détaillée l’anatomie de l’Homme et des animaux en suivant un plan analogue à celui de la dissection. La qualité des modèles du Dr Auzoux, leur résistance et leur degré de précision tiennent d’abord à leur procédé de fabrication : une pâte de papier et de liège coulée dans des moules en plâtre puis pressée. Sa méthode est moins onéreuse que celles de ses prédécesseurs, et permet une fabrication en série.
>>> En savoir + : Thèse, "les modeles en papier mâché du Dr Auzoux au musee de l’École nationale veterinaire d’Alfort, par Guillaume Ruiz.
Des ateliers ont vu le jour à Saint-Aubin-d'Écrosville, dans l'Eure (Normandie), comptant plus de quatre-vingts personnes en 1868 nécessaires pour assurer la production des centaines de pièces expédiées chaque année dans le monde entier. Un succès immense et une reconnaissance internationale.
Le musée Fragonard de l'EnvA possède plus de soixante-dix modèles contemporains, dont un cheval entier d’un mètre cinquante de hauteur démontable en plusieurs centaines d’éléments.
>>> En savoir + : le cheval d'Auzoux