Une étude de l'EnvA publiée début février démontre la forte présence de la dermatophytose, plus connue sous le nom de "teigne", chez les hérissons. Explications.


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L'EnvA, appuyée sur l'équipe de son hôpital de la faune sauvage, publie une étude consacrée au hérisson et à son rôle en tant que vecteur de la dermatophytose, aussi appelée teigne. Cette maladie est générée par des dermatophytes, des champignons, qui produisent une affection cutanée. Deux risques existent : soit développer une teigne avec des lésions cutanées, voire perte de piquants, ou alors le portage, c'est-à-dire une affection asymptomatique. Dans les deux cas, elle peut être transmise à l'Homme, chez qui la maladie peut être très inflammatoire et même douloureuse.

L'étude - la première du genre - visait donc à détecter la dermatophytose dans la population de hérissons (Erinaceus europaeus) admis au sein de la structure de soin de l'École. Chaque année, ces petits mammifères représentent près de 10% de l'activité du centre qui accueille 6 000 animaux. Un nombre en croissance d'où la préoccupation pour la santé animale et la santé publique puisque cette maladie peut être facilement disséminée.

25% de cas de teigne

L'étude a porté sur 412 hérissons hébergés à l'hôpital des animaux sauvages de janvier à décembre 2016. Les animaux ont été échantillonnés une fois par mois pour la culture de champignons. 112 sur 412 hérissons furent positifs au moins un fois (identification morphologique + identification par Maldi TOF), soit 27 % des hérissons arrivés en 2016. Outre Trichophyton erinacei, Trichophyton mentagrophytes et Nannizzia gypsea ont également été retrouvés. La détection de dermatophytes est associée à la présence de marques sur la peau mais plus d'un tiers des animaux positifs au Trichophyton erinacei étaient des porteurs asymptomatiques.

La guérison a nécessité plusieurs mois de traitement, deux à quatre mois, avec des antifongiques. La dermatophytose n'a en rien empêché le relâché des individus. Tous les hérissons traités ont été guéris de cette affection.

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Quelles conséquences ?

La prévalence de cette affection chez les hérissons désormais démontrée implique la nécessité de renforcer la vigilance individuelle. Si en France et en Europe, les hérissons sont des animaux protégés, ils se sont souvent rapprochés des zones péri-urbaines du fait de la diminution des zones "rurales" ou de l'utilisation des pesticides qui réduisent leur ressource alimentaire en milieu rural. Le contact avec l'Homme ou les animaux de compagnie, notamment le chien, est donc aujourd'hui plus fréquent, augmentant le risque de contamination. Les personnes découvrant un hérisson en difficulté doivent être particulièrement prudentes même en l'absence de signes visibles - cutanés - de maladie : la manipulation à mains nues est à proscrire. 

L'hôpital de la faune sauvage d'Alfort a également adapté son fonctionnement en conséquences, afin de faire face aux cas asymptomatiques : 
- renforcement des mesures de protection pour la manipulateurs ;
- détection précoce et traitement des porteurs infectés et asymptomatiques ;
- procédures de désinfection quotidiennes de l'environnement, des réservoirs d'eau et de nourriture.

La mise en œuvre de ces pratiques a d'ores-et-déjà permis de limiter la transmission des dermatophytes entre les hérissons et les humains.

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