L'unité de recherche "Biologie moléculaire et immunologie parasitaires" (Bipar - Anses-EnvA-Inrae) reçoit une subvention de l'Agence nationale de la recherche. Plus de 400 000 euros dédiés au projet "AxoTick" pour étudier l'interaction du système nerveux central des tiques (synganglion) avec leurs glandes salivaires. Objectif : comprendre ce parasite pour mieux lutter.



Hand holding a warning sign for ticks parasite danger over the park green lawn background. Different bug bites, health risk, causes infections, lyme disease and needs urgent medical treatment.
Un projet de recherche sur les tiques porté par Ladislav Simo, chercheur au sein de l'unité mixte de recherche "Biologie moléculaire et immunologie parasitaires" (Bipar - Anses-EnvA-Inrae), groupe NeuroPaTick, bénéficie d'un soutien de l'Agence nationale de la recherche (ANR) à hauteur de 400 000 euros. Ce projet "AxoTick" doit étudier l'interaction du système nerveux central des tiques (synganglion) avec leurs glandes salivaires. Il permettra de mieux comprendre le fonctionnement de ces parasites, Ixodes ricinus, la tique européenne du ricin, étant l’un des vecteurs importants dans la transmission des agents viraux, bactériens et protozoaires impliqués dans les maladies à tique.

Comprendre le rôle des glandes salivaires


Dans cette transmission d'agents infectieux, le rôle crucial des glandes salivaires a été mis en évidence. Les glandes salivaires des tiques ressemblent à des grappes de raisins. Et les petits raisins sont appelés acini. 

Dans la glande salivaire femelle des tiques, il existe trois types d'acini (I, II et III).

- Les types II et III produisent de la salive qui est sécrétée dans les conduits sur lesquels les acini sont assis. Environ 1000 acini produisant de la salive sont contrôlés par deux cellules neuronales (des neurones). Ces deux cellules produisent de petites protéines (appelées neuropeptides) - on dit qu'elles sont neuropeptidergiques. Ces neuropeptides sont délivrés par les corps cellulaires neuronaux (dans le synganglion) aux glandes salivaires via leurs projections axonales. L'axone sert de tube et les neuropeptides voyagent de ces neurones aux acini des glandes à l'intérieur de ces tubes (axones). Dans les acini des glandes salivaires, ces petits neuropeptides sont libérés à l'extrémité de ces axones (appelés terminaisons axonales). Ces peptides contrôlent probablement les activités sécrétoires des acini.

- Quatre autres neurones (également neuropeptidergiques) contrôlent exclusivement les acini de type II.

Il semble donc que deux axones neuropeptidergiques différents contrôlent tous les acini de type II et III (deux neurones) ou de type II (quatre neurones) pour leurs activités. Le signal (neuropeptides délivrés aux glandes salivaires) va donc du synganglion aux glandes. 

ANR Ladislav

Les neurones producteurs de neuropeptides (cellules 2 et 4) délivrent donc les neuropeptides aux acini via des projections axonales. Cependant, dans la glande salivaire, de l'acétylcholine est synthétisée dans les acini et active des protéines, les récepteurs cholinergiques (aux extrémités des axones neuropeptidergiques dans les acini). Ce signal va de la glande salivaire aux cellules neuronales synganglionnaires pour leur indiquer quand libérer les neuropeptides dans les acini. Ceci est probablement maintenu par une impulsion électrique du neurone vers l'acinus. Cette impulsion électrique est déclenchée par des stimuli provenant de la glande salivaire vers les cellules neuronales du synganglion.

Tous ces modèles sont uniques et suggèrent une communication bidirectionnelle entre le synganglion de la tique et la glande salivaire.

L’objectif du projet AxoTick est donc d’étudier la fonction et les propriétés de ces neurones dans le contrôle neuronal des glandes salivaires chez la tique Ixodes ricinus, en utilisant des approches moléculaires, biochimiques, pharmacologiques et électrophysiologiques.

Figure 2a

A proposed model of the acetylcholine-sensitive neuropeptidergic axons connecting the synganglion neurons and salivary gland acini type II and III. Arrows indicate the feedback signal from acini to neuronal cells. mAChR – muscarinic acetylcholine receptor.


Ce projet collaboratif implique un partenaire, le Pr Steeve Thany de l'Université d'Orléans, et durera de 2021 à 2025. Les données préliminaires qui ont été cruciales pour obtenir le financement ont été générées par la Dr. Lourdes Mateos-Hernandez (NeuroPaTick, UMR-BIPAR ANSES) et Sabine Rakotobe (NeuroPaTick, UMR-BIPAR, INRAE).

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